Daesh: détruire la culture pour asseoir son pouvoir

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© STRINGER/IRAQ/REUTERS

Les témoignages des civilisations pré-islamiques en Irak et en Syrie sont menacés par le fanatisme religieux. Retour sur les destructions depuis 2014.

 

Pourquoi l’organisation terroriste détruit les témoignages glorieux des civilisations pré-islamiques? Pour les mêmes raisons que l’ont fait avant elle d’autres régimes totalitaires: rien de plus grand ne peut avoir existé avant eux, avant l’islam. Cela fait partie intégrante de leur idéologie, détruire les cultures qui les ont précédé. Leur culture à eux, ils pensent que c’est l’islam. Je dis “ils pensent” parce qu’ils semblent avoir oublié que ce qu’ils cherchent à recréer, le califat abbasside, qui a connu son apogée au VIIIe siècle, est dans l’histoire de l’Orient, un des meilleurs exemples de tolérance, de raffinement, de création artistique… Ils sont bien loin de ce qu’ils pensent reproduire.

La folie de Daesh dans la destruction commence en juillet 2014 quand les djihadistes s’attaquent à la tombe de Jonas (Irak), prophète des trois religions monothéistes, détruite par explosion. Dans ce cas, plus que de destruction de la culture, on peut parler de fanatisme iconoclaste. L’image du prophète est un interdit donc ils la détruisent. Mais que serait le patrimoine de cette région du monde sans les créations artistiques liées à l’islam?

En mars 2015, l’organisation s’en prend à la ville antique de Dur-Sharrukin (Irak), une des capitales de l’ancienne Assyrie. La ville est composée d’un palais royal orné de magnifiques statues, de temples, de bâtiments administratifs et est protégée par une muraille. Les statues étant considérées comme idolâtres par les fanatiques religieux, les murailles et les temples de la ville auraient été rasés selon le ministère irakien du tourisme et des antiquités.

En août 2015 c’est le monastère de Saint-Elian (Syrie) qui est attaqué. C’est l’Observatoire syrien des droits de l’homme qui a dénoncé la destruction du monastère syriaque catholique. Le site aurait été détruit au bulldozer pour des question “évidentes” de religion. Lors de la prise du monastère, les hommes de Daesh en avait profité pour capturer 230 civils.

Il y a un an, en février 2015, le monde entier est frappé d’effroi par la diffusion des images de la destruction d’œuvres du musée et de la bibliothèque de Mossoul (Irak) par l’État islamique. On voit sur les images (AFP) les œuvres détruites au marteau-piqueur et à la massue, elles sont d’une violence inédite. Selon l’UNESCO, les principaux dommages ont été affligés à des statues assyriennes de la province de Ninive. Mais on apprend rapidement que les œuvres étaient des copies en plâtre. Certaines sont cependant soupçonnées d’être des originaux.

Un mois plus tard, Daesh s’est attaqué à une autre capitale de l’Assyrie: Nimroud. Cité connue pour ses statues colossales représentant des taureaux ailés. Selon le ministère irakien du tourisme et des antiquités et le Conseil de sécurité de l’ONU, les djihadistes ont rasé la ville au bulldozer et se sont approprié les objets archéologiques dans le but de financer l’organisation grâce au traffic d’objets d’art.

Le même mois, c’est un témoignage de l’Empire parthe, patrimoine mondial de l’UNESCO qui subit la folie de l’État islamique. Hatra (Irak) fut aussi la capitale du premier royaume arabe. On y trouve une diversité de styles exceptionnelle: témoins hellénistiques, romains et orientaux. La ville a été attaquée à coups de pioches et de massues. Le massacre culturel a été mis en scène comme souvent dans une vidéo diffusée sur YouTube.

Le dernier exemple de ce fanatisme religieux qui pousse les hommes à détruire la culture est la ville de Palmyre (Syrie) en août 2015. Cité romaine, carrefour du commerce entre Orient et Occident, deux de ses temples ont été rasés. L’information est confirmée par les images satellites des Nations Unies.

Au travers de ces nombreux dommages, tragédies pour l’histoire de l’humanité, on se rend bien compte que Daesh a pour but de détruire les témoignages des civilisations pré-islamiques (Empire romain, Empire parthe, Empire assyrien etc.) qui représentent pour eux des symboles de grandeurs, incompatibles avec leur idéologie. Mais l’État islamique s’attaque aussi à des sites liés à l’histoire de l’islam (tombe de Jonas), parce qu’ils représentent une idée différente de la religion de laquelle il se revendique.

Mais il n’y a pas que Daesh qui pille et détruit les sites archéologiques de Syrie. Selon une publication dans le journal Near Eastern Archaeology, le régime syrien joue également un rôle important dans la destruction de certains sites, dans le Kurdistan syrien notamment. Il en va donc de la communauté internationale de se mobiliser pour protéger ces témoins du passé, certains étant sur la liste du patrimoine de l’UNESCO! Mais l’organisation internationale, bien que tutrice du patrimoine de l’humanité a déjà montré auparavant que son autorité n’est que morale et que ses menaces n’empêchent pas la destruction ou la dégradation des biens culturels, citons par exemple la destruction du quartier de Sulukule à Istanbul.

Benjamin Meyer.

Mémoires des immigrants italiens en région parisienne : état des lieux, recueil et valorisation.

Les artisans italiens du meuble dans le Faubourg Saint- Antoine

Accès projet tutoré complet

Dans le cadre de ces deux parcours d’études, en France et en Italie, le sujet qui a été proposé en troisième année est la valorisation de la mémoire des immigrants italiens en Île-de-France d’un point de vue touristique : effectuer un travail de recherche puis un travail de terrain sur un territoire, une ville, un quartier donné afin de recueillir des témoignages et des informations sur ce qu’il reste aujourd’hui dans le paysage et dans les mémoires des vagues migratoires venant d’Italie. Le but étant, in fine, de proposer un projet de valorisation de ces mémoires, si celles-ci existent encore, afin de les faire connaître, de les diffuser, sans pour autant les figer car le travail de mémoire est un processus long et évolutif qui ne nécessite pas une muséification pour être valorisé.
La première partie du travail a donc consisté en un travail de recherches et de documentation sur le sujet de l’immigration en France, de l’immigration italienne mais aussi d’exemples de valorisations à l’étranger. Ce travail de documentation a permis d’avoir une vision globale de l’immigration italienne en région parisienne et en donnant la possibilité de choisir un territoire sur lequel travailler, étudier cet espace d’un point de vue historique et géographique, toujours en lien avec le sujet de départ. Dans un second temps, le travail de terrain a permis de repérer les témoins de ces mémoires et de recueillir des témoignages utiles à l’élaboration du projet. Enfin, la récolte des témoignages ainsi que l’analyse de la situation actuelle sur le terrain a permis de penser à plusieurs idées de valorisation touristique et d’en choisir une. Le projet qui a été retenu consiste en une balade patrimoniale à la découverte des artisans italiens du Faubourg Saint-Antoine et des lieux de mémoire de ceux-ci dans le territoire. Il n’est pas question de valoriser une catégorie d’artisans plus qu’une autre mais plutôt de faire découvrir à un public un aspect de l’histoire de ce quartier parisien.